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La souffrance au travail des praticiens est une réalité complexe, protéiforme, liée à des situations professionnelles et personnelles spécifiques. Chaque cas est particulier avec des facteurs et des effets variés, souvent interdépendants. Vous trouverez ci-dessous un ensemble de ressources et d’outils, sur des sujets caractéristiques de la souffrance au travail, dédiés aux médecins hospitaliers et à leurs proches.

En résumé

Le milieu médical et les établissements hospitaliers en particulier sont marqués par une grande intensité quotidienne, exacerbée par des phénomènes structurels (démographie, politiques de santé, déserts médicaux, absentéisme, évolution des carrières et des aspirations, etc.) et conjoncturels, à l’image de la crise sanitaire et d’autres épisodes de tension. Ainsi, à l’hôpital, respecter le temps de travail n’est pas toujours aisé, en particulier pour les futurs ou jeunes praticiens. Toutefois, le risque de dépassement des horaires a des conséquences importantes sur le bien-être au travail, sur la capacités à administrer correctement les soins et sur la propre santé des médecins.

Pour les proches, cela peut également induire une certaine pénibilité et des conséquences dommageables sur la vie privée.

Que faire ?

Afin de garantir un bon environnement de travail, le code du travail doit être respecté par l’employé et l’employeur.

  • Dans la fonction publique hospitalière, la durée du repos quotidien est fixée à 12 heures consécutives minimum (elle peut être de 11h consécutives dans le cadre d’un accord avec la direction).
  • La durée de travail, heures supplémentaires comprises, ne peut pas dépasser 48 heures par période de 7 jours glissants.
  • Les internes, Docteur Junio et praticiens doivent bénéficier d’un repos hebdomadaire de 36 heures consécutives minimum.
  • En fonction du service, les horaires sont variables, établies dans le cadre d’une concertation avec le Comité Social d’Établissement (CSE).

En cas de dépassement, le praticien doit en référer à sa hiérarchie immédiate, à l’administration, au CSE ou aux syndicats.

Pour aller plus loin

Le Ministère de l’Intérieur propose un support récapitulatif des obligations légales sur le temps de travail en milieu hospitalier.

En résumé

Identifié historiquement dans les métiers du soin, le burn-out est un état d’épuisement professionnel ressenti face à des situations de travail « émotionnellement » exigeantes. Ses facteurs sont pluriels, parfois cumulés à d’autres difficultés personnelles :

  • intensité et temps de travail ;
  • relations professionnelles ;
  • perte de sens et conflits de valeur ;
  • organisation du travail, niveau d’autonomie et de responsabilités.

 

Les effets et les symptômes du burn-out sont également protéiformes :

  • sur le plan physique :
    fatigue chronique, douleurs (mal de dos, migraine , maux de ventre), insomnies, infections récurrentes, prise ou perte soudaine de poids, nausées ou vertiges ;
  • sur le plan psychique :
    sentiment de tristesse, tensions nerveuses, perte de contrôle, hypo-ou hyper-sensibilité, perte de concentration ;
  • sur le plan relationnel et professionnel :
    perte de motivation / désengagement, dévalorisation, isolement, relations conflictuelles.

Que faire ?

  • Les praticiens confrontés à un ou plusieurs symptômes d’épuisement doivent consulter leur médecin traitant qui pourra les orienter, si besoin, vers un parcours d’accompagnement psychologique.
  • Des outils numériques existent pour identifier un risque ou une situation de burn-out : la SFAR propose par exemple des « auto-tests » anonymes, à l’échelle individuelle ou dans le cadre d’un service, conçus initialement pour les anesthésistes-réanimateurs et accessibles à tous les praticiens dans chaque spécialité.

Pour aller plus loin

  • Le guide de prévention du Ministère du Travail
  • La fiche-mémo de la Haute Autorité de Santé sur le repérage et la prise en charge cliniques du burn-out
  • La fiche pratique de l’Association Soins aux Professionnels de Santé sur la détection du burn-out
  • Les ressources et l’accompagnement personnalisé proposé par l’association MOTS (Médecin Organisation Travail Santé)

En résumé

Face à l’urgence, à la charge de travail et à la complexité du métier, les conflits professionnels peuvent vite survenir à l’hôpital, avec les patients et leurs proches ou entre collègues.

Les conséquences négatives des conflits sont nombreuses et concernent directement la qualité des soins. Un conflit patient-praticien peut générer une baisse de la confiance dans le diagnostic médical. Un conflit entre collègues peut générer un environnement de travail toxique qui, au-delà de ses effets sur le respect et la bienveillance, multiplie également les risques et les dangers sur le bon déroulé de le chaîne de soins à l’hôpital.

Que faire ?

De la médiation à l’intervention des forces de l’ordre, plusieurs réflexes sont à adopter, de façon individuelle et/ou collective, en fonction du degré du conflit, des tensions et de leurs conséquences.

  • Lorsque l’on peut facilement « calmer » un différend, quelques réflexes simples et de bon sens peuvent être encouragés auprès des personnes concernées, basées sur une posture d’écoute ou d’entraide, et une communication claire et simple ;
  • Dans le cas d’un conflit plus complexe, il est nécessaire de privilégier une médiation « tripartite », en mobilisant un autre collègue ou un membre de la direction ;
  • Dans le cas de conflits aggravés et durables, la direction de l’établissement doit se porter garante de la résolution du problème en se basant sur les dispositions légales et réglementaires concernant la protection des salariés. Selon le degré du conflit, il est important de saisir les autorités extérieures à la situation : instances de conciliation et de médiation (mises en place depuis 2019), CSE, syndicats, etc.

Pour aller plus loin

En résumé

Le harcèlement se définit par la répétition de propos et de comportements ayant pour but ou conséquence la dégradation des conditions de vie de la personne qui en est victime.

Il en existe plusieurs types : physique, physiologique et moral. L’atteinte à la dignité, à l’intégrité et/ou corps d’une personne peut susciter, en plus de séquelles physiques, une angoisse, un sentiment d’impuissance, un risque d’isolement et de dépression… Au-delà des conséquences individuelles, une situation de harcèlement induit généralement des effets très négatifs au sein d’une équipe.

Pour se protéger et protéger ses collègues victimes de harcèlement, il faut identifier les droits et les recours, tant au sein de l’entreprise qu’à l’échelle juridique.

Que faire ?

Il est primordial de comprendre que la personne victime d’une situation de harcèlement n’est pas seule et qu’elle est protégée par la Loi, quelle que soit la nature du problème.

  • Adopter les bons réflexes, que l’on en soit victime ou témoin, en s’adressant aux collègues de confiance : en parler immédiatement permet en effet de ne pas rester seul·e dans cette situation, de soulager et de protéger la victime du harcèlement.
  • Communiquer et faire connaître la situation auprès des référents hiérarchiques de l’établissement : l’employeur a l’obligation de mettre en œuvre tous les moyens nécessaires pour protéger ses employés, en particulier sur ce sujet.
  • Saisir le droit d’alerte du Comité Social d’Établissement (CSE) : les membres du comité disposent de plusieurs procédures d’alerte leur permettant d’agir lorsqu’ils ont connaissance d’informations ou de faits préoccupants. Ils alertent l’employeur, en particulier en cas de danger grave et imminent sur la santé physique ou mentale des salariés.

Pour aller plus loin

  • Le Ministère du Travail propose un modèle de lettre pour signaler des faits pouvant relever du harcèlement moral ou sexuel au travail
  • Le Ministère de l’Intérieur propose une messagerie directe pour signaler un harcèlement sexuel ou sexiste

En résumé

Qu’elle soit verbale, physique, psychologique, matérielle, les cas de violence à l’hôpital ont de lourdes conséquences sur la qualité de vie au travail. Ils peuvent arriver entre toute personne fréquentant l’établissement : patients, visiteurs, soignants, autres collaborateurs hospitaliers, etc.

Que faire ?

Que l’on en soit victime ou témoin, il existe plusieurs niveaux de prise en charge à solliciter en cas de violence :

  • Clinique : on privilégie l’examen médico-légal immédiat
  • Psychologique : on en parle rapidement autour de soi pour informer les collègues, les proches et/ou la direction de l’établissement
  • Administrative : on constitue un dossier pour protéger les salarié·e·s et signaler un accident du travail, notamment auprès du Comité Social d’Établissement (CSE)
  • Juridique : on fait appel aux autorités légales pour protéger la victime d’un cas de violence et assurer sa défense le cas échéant.

 

L’Observatoire national des violences en santé est l’instance privilégiée pour retrouver toutes les informations utiles sur la gestion des cas de violence à l’hôpital et sur les outils juridiques associés.

Pour aller plus loin

En résumé

L’erreur est humaine et peut survenir à l’hôpital, dans un environnement de travail spécifique, confronté à l’urgence et à la complexité des soins. Outre les préjudices physiques et moraux sur le patient et ses proches, l’erreur médicale peut être grave pour l’exercice et la propre santé du praticien. Encadrée par la loi, elle médicale doit être prise en compte rapidement afin de limiter les risques médicaux et les conséquences dans la relation patient / praticien.

Que faire ?

  • Le premier réflexe est d’identifier et reconnaître l’erreur afin de rétablir la confiance entre le patient et le praticien, qui a un devoir d’information claire et loyale.

Par ailleurs, en transmettant les informations au patient, le praticien doit adapter son discours, qui sera par exemple différent si l’erreur médicale concerne un enfant ou un adulte.

  • Échanger en équipe, cela permettra au praticien de réfléchir collectivement sur la manière de communiquer, d’assumer et de rectifier l’erreur. L’esprit de communauté entre collègues sera renforcé, tout en évitant le sentiment d’humiliation ou d’inquiétude face au risque.
  • Si la responsabilité du praticien est engagée à la suite d’une erreur, c’est au tour de l’établissement d’intervenir, afin de garantir le respect de la loi et de la déontologie médicale. À l’échelle de la direction de l’établissement, il est également possible de mettre en place des dispositifs de prévention afin d’évaluer les risques de dysfonctionnements internes et de limiter les risques.

Plusieurs juridictions existent pour répondre aux différents degrés de gravité de l’erreur :

  • La juridiction civile intervient pour la réparation du préjudice subi
  • La juridiction administrative est recommandée pour les fautes commises par les salariés des établissements publics
  • La juridiction pénale est obligatoire lorsqu’une infraction a été commise justifiant une sanction et une réparation du préjudice

La juridiction disciplinaire peut être mobilisée en cas de manquement à des règles déontologiques

Pour aller plus loin

En résumé

Des attentats terroristes de 2015 à la crise sanitaire de 2020, les événements exceptionnels pour le corps médical se sont multipliés ces derniers années, entraînant l’augmentation de syndromes post-traumatiques chez les soignants.

La présence du syndrome post-traumatique est différent selon chaque individu. Suite à un événement qui menace l’intégrité physique, psychologique, voire la vie d’un individu, le trouble post-traumatique peut avoir plusieurs effets pour les soignants et praticiens qui y sont confrontés : stress émotionnel, trouble anxieux et dépressifs, troubles de l’activité neurovégétative, sentiment d’état d’alerte en permanence, etc.

Ces phénomènes altèrent en profondeur la vie personnelle et professionnelle d’un praticien, encore davantage dans un contexte de violence médicale consécutif, par exemple, à un un attentat. Dans la durée, un syndrome post-traumatique peut également se traduire par des symptômes de reviviscence de l’événement traumatique, des symptômes d’évitement, des comportements addictifs, voire une forme de comorbidité anxieuse et dépressive.

Que faire ?

Des cellules de soutien psychologique d’urgence se sont développées pour faire face aux syndromes post-traumatiques et à leurs conséquences sur les praticiens concernés et leur entourage.

Deux grands types d’aide peuvent être mobilisés :

  • L’aide psychosociale apportée par les professionnels sociaux, psychologues et psychothérapeutes.
  • La thérapie cognitivecomportementale (TCC) ou la désensibilisation et reprogrammation par le mouvement des yeux (EMDR), reconnu par la Haute Autorité de Santé, l’INSERM et l’OMS ; il s’agit d’une pratique orientée sur l’activité neuro-émotionnelle de l’individu afin de dépasser le vécu traumatique.

En tant que proche, on peut être également être affecté par la détresse d’une personne victime d’un trouble post-traumatique. Dans ce cas, communiquer et échanger avec bienveillance, selon les souhaits de la personne, peut être très bénéfique. Il est possible d’avoir soi-même recours aux aides psychosociales afin de se soulager de l’anxiété ressentie.

Pour aller plus loin

En résumé

Phénomènes de stress, confrontation à l’urgence, à la douleur, à la mort, cas de violence… : ces épisodes, cumulés à d’autres facteurs, peuvent expliquer le risque de pratiques addictives au sein du milieu hospitalier. Il se traduit différemment selon les individus, la fréquence et la consommation de pyschoactifs, comme le tabac, le café, l’alcool voire des substances illicites, etc. Certaines pratiques relèvent également d’addictions comportementales, comme la dépendance au travail ou la technodépendance (notamment à Internet).

Les effets négatifs des pratiques addictives, quelle qu’en soit la nature, sont multiples : perte de motivation, manque de ressources pour répondre aux exigences du métier, augmentation du risque d’erreur médicale…

Que faire ?

Si une pratique addictive est identifiée, libérer la parole et communiquer avec bienveillance est toujours bénéfique auprès de la personne concernée. L’accompagnement et le soutien de l’entourage ou des collègues de confiance pour identifier le(s) ressort(s) de l’addiction permettra de mieux y remédier.

La prise en charge peut être de différente nature avec des ressources généralement complémentaires :

  • L’aide et le suivi médical par le médecin traitant, qui peut également accompagner la personne concernée vers la volonté de se défaire des pratiques addictives et/ou l’orientation vers une prise en charge psychologique
  • L’approche médicamenteuse associé à un suivi régulier
  • La prise en charge relationnelle qui peut intégrer l’entourage à travers des approches thérapeutiques, cognitives, comportementales ou « alternatives » (hypnose, sophrologie, etc.)
  • La prise en charge sociale et éducative qui vise à accompagner la personne concernée en agissant, avec elle, sur son quotidien.

Il existe également un grand nombre d’associations et de numéros d’aide, selon les types d’addiction, permettant un accompagnement par des professionnels spécialisés : Drogues Info Service, Tabac Info Service, Alcool Info Service, Joueurs Info Service.

D’autres associations proposent également des démarches d’auto-support, basées sur la participation et l’échange entre anciens usagers.

Pour aller plus loin

En résumé

Le sujet du suicide est généralement un tabou. Pourtant, en parler permet de mieux comprendre et de diminuer les risques chez les personnes concernées, tout en accompagnant l’entourage pour les en protéger.

Pour les proches, il est important de concevoir que les pensées suicidaires et la détresse constituent un processus qui peut paralyser la personne vulnérable, altérer son jugement, l’isoler et l’amener vers l’acte fatal. Certains signes dépressifs sont identifiables, comme les changements de vie soudains et les problèmes, durables, de sommeil ou de poids. Toutefois, il est aussi primordial de comprendre que le suicide ne relève pas d’une cause unique, facilement repérable ; au contraire, il est généralement le résultat d’un environnement et d’un vécu complexe dont on ne peut pas faire de généralité…

Le plus difficile est d’en parler. Communiquer, se confier à des personnes formées pour accueillir la parole, permet bien souvent d’éviter le facteur précipitant, c’est-à-dire le moment où l’on passe à l’acte.

Que faire ?

  • Le plus important et le plus difficile : en parler autour de soi, à ses proches. L’entraide et la bienveillance sont au cœur de toute démarche bénéfique pour éviter les risques suicidaires. Cela permet également d’éviter l’isolement et/ou le recours à des pratiques néfastes pour la santé physique et mentale.
  • Échanger avec son médecin traitant et/ou un professionnels de la santé mentale.
  • Pour agir, en tant que proche, la parole est tout aussi importante. La plateforme 3114 permet d’être accompagné pour aider une personne confrontée au risque suicidaire en préservant sa propre santé physique et mentale.

Pour aller plus loin

  • La plateforme de prévention du suicide tout public « Dites Je suis Là »
  • Le 3114 propose une aide en ligne et par téléphone 24h/24 et 7j/7, mais aussi des fiches pratiques et complètes pour comprendre les risques suicidaires, les « mythes » et les tabous autour du suicide

En résumé

L’automédication consiste en la prise de médicament sans prescription préalable. Derrière cette pratique se cachent différents types de comportements, qui vont de la prise d’un médicament pour un trouble bénin et temporaire, à l’évitement chronique de la consultation médicale. L’automédication va souvent de pair avec l’autodiagnostic ou la prise d’un médicament en suivant les conseils d’une prescription antérieure. Selon plusieurs études et campagnes de prévention, 80 % des médecins français n’auraient pas de médecin traitant, ce qui favorise l’auto-diagnostic, l’automédication et les risques associés en fonction du trouble et de la fréquence : surdosage, incompatibilité avec d’autres médicaments, erreurs de posologie, etc.

Que faire ?

  • Pour bien soigner, il faut être en bonne santé ! Le suivi médical et régulier, auprès de son médecin traitant, est tout aussi important pour les médecins qui ne sont pas plus « invincibles » ou éloignés des risques de santé que les autres. Au-delà du volet clinique et physique, le médecin traitant, extérieur au lieu de travail, est un professionnel ressource à aller consulter en priorité lorsque l’on est confronté à un épisode de burn out et/ou à un risque psychosocial à l’hôpital.
  • Le médecin traitant et le pharmacien le cas échéant sont ainsi les meilleurs remèdes à l’auto-diagnostic et à l’auto-médication. Dans tous les cas de prise de médicaments non (nouvellement) prescrits, il est nécessaire de bien prendre connaissance des contre-indications, des effets indésirables et, évidemment, de ne pas les multiplier.

Pour aller plus loin